Megan Acker ~

« Megan, Megan ! »

La jeune, et vieille à la fois, femme se retourna à l'appelle de son prénom. Il n'était pas rare qu'on lui demande de l'aide ou un avis sur quelque chose. Elle faisait partit des Dominants d'Horizon et sa gentillesse lui permettait d'être en de bons thermes avec la plupart des personnes qui y étaient inscrites. Sauf peut être certains vampires, mais dans ce cas présent, il ne s'agissait pas d'un suceur de sang mais plutôt d'un sac à puce. Elle observa juste quelques instants la personne qui courrait pour arriver rapidement à son niveau.

« Ho, je suis vraiment navrée de te déranger, je sais bien que tu aimes être tranquille l'après midi et qu'on est samedi et que tu dois sans doute te préparer ou tu reposer parce que ce soir c'est la chasse et que... »

Megan lui sourit et fit un signe de tête pour l'inciter à continuer, l'élève en face d'elle commençait à tripoter nerveusement un bouton de sa chemise. Bien que souriante, elle devait sans doute l'intimider. Se demandant si elle pouvait lui adresser la parole malgré ces histoires d'infériorités. La lycan replaça une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille. Megan était belle, on ne pouvait pas le démentir. Elle mesurait exactement un mètre soixante dix, avec une taille fine et élancée. Ses jambes étaient droites et en faisait pâlir d'envie plus d'une. Des formes généreuses, un sourire ravageur, des yeux envoûtants et une chevelure brune et ondulée. Il en fallait bien moins pour faire craquer qui elle souhaitait. Mais Megan n'était pas de ce genre de personne qui collectionne les conquêtes. Bien au contraire.

« Je... Et bien... J'écris une sorte de journal, pour moi même bien sûr, ou je raconte des évènements d'Horizon et... J'aurais aimé connaître... Ta première transformation... »

Voyant la mine de son interlocutrice s'assombrir, la première année fit tellement tourner le bouton entre ses doigts qu'il finit par se détacher.

« Ho, c'est peut être un sujet tabou... Je n'aurais pas du, ce n'est pas par curiosité, mais... »

« Ne t'en fais pas, ce n'est rien. J'ai juste du mal à me rappeler dans les moindres détails. Viens, asseyons nous. »

C'était il y a longtemps, pour sûr. Et pourtant, je pense m'en souvenir parfaitement bien, même si parfois je me demande si ce n'est pas ma mémoire qui m'invente des évènements qui ne se sont pas produits. Quoi qu'il en soit, je peux te dire que c'était en Décembre. Il faisait vraiment froid. Mais ce n'était pas de la neige qui tombait du ciel, juste de la pluie glacée comme jamais. Ma meute et moi même, qui n'avait encore subit aucune transformation, commencions une chasse. Bien entendu, je n'avais que le droit d'observer et d'apprendre. J'étais assez jeune, mais je n'ai plus aucune idée de l'âge exact. Enfin bref, le temps était vraiment horrible. L'un des pires jours de chasse qu'on est connu. Le vent était incontrôlable, la pluie nous fouettait le visage, sans oublier le tonnerre qui grondait. Mais il en fallait vraiment plus faire fuir des lycans. Cependant, je commençais a attraper froid, sous cette pluie diluvienne. Tremblante à cause de la température, peut être un peu aussi de la peur, n'étant pas habituée à tout ces évènements, j'avais décidé de rentrer seule, ce qui n'était sans doute pas une bonne idée. Mes parents étaient trop occupés à essayer de ramener le plus de gibier possible pour nourrir les plus jeunes incapables de chasser, qui n'avaient pas subit encore de transformation, comme moi. Je devais d'ailleurs même être la plus jeune de ceux ci. J'ai essayé de retrouver mon chemin. Mais je commençais à avoir une fièvre atroce et mes tremblements continuaient de plus belles. J'avais accomplis la moitié de la route pour sortir de la foret et arrivée juste devant notre demeure, qui se trouvait à la lisière du bois. A travers les feuillages, on pouvait nettement apercevoir cette pleine lune que nous aimons tant. Je me suis couchée parmi les feuilles mortes, la pluie torrentielle faisait toujours des siennes. J'étais trempée jusqu'aux os. Je pensais juste que j'avais du tomber malade, ce qui expliquait amplement mon état. Mais, allongée sur le sol, les genoux ramenés contre moi, je commençais à entendre ce que d'ordinaire je ne pouvais pas écouter. J'entendais les autres membres de ma meute, leurs pas rapides qui ne se posaient presque pas sur le sol pour courir le plus rapidement possible, j'entendais les cris déchirant des proies, j'entendais aussi le souffle saccadé des plus jeunes, en extase devant cette force qu'ils ne connaissaient pas. Ma vue devenait floue, j'essaye de me frotter les yeux, de les fermer, puis de les rouvrir, mais cette sensation étrange était encore là. Puis, tout d'un coup, presque violemment, mon champ de vision était redevenue net, plus qu'avant, beaucoup plus même, c'était certain. La nuit noir s'était éclairée et j'apercevais des détails presque invisibles. Tremblante de tous mes membres, je n'essayais même pas de me relever. On m'avait apprit qu'un jour je me transformerai et que ce jour là, je saurais que c'était le bon. J'essayais de respirer calmement et que me décontracter, d'être la moins tendue possible. On m'avait aussi dit que cela pouvait être douloureux. Et en effet, sous mes yeux verts qui commençaient à virer en une couleur mordorée, mes mains s'allongeaient, devenant des pattes pourvues de griffes, mon nez se transformait en une sorte de museau et mes dents changeaient pour devenir tranchantes. Les secondes passaient et je devenais de plus en plus loup. Une fois que je me suis sentie en état de bouger, j'ai essayé de me relever, je ne tenais pas sur mes jambes, obligée de me mettre à quatre pattes, comme l'animal que l'on devenaient quand mademoiselle la lune devient ronde. Bien sûr, je n'étais pas en mesure de penser tout cela, trop chamboulée intérieurement de même qu'extérieurement. J'ai faim, très faim, bien entendu. Je sentais l'odeur du sang des bêtes que ma meute avait tué, ce qui ne faisait malheureusement qu'accentuer mon envie de viande. Alors j'ai essayé de chasser, seule. Je ne sais pas pourquoi, mais dans mon esprit, à ce moment précis, la fraternité qui nous liait tous était inutile. J'avais bien tord. Alors j'ai essayé de courir aussi vite que je les avais vu faire, mais au départ, c'était une catastrophe. Je n'étais pas habituée à des gestes si rapide, si fluides. Après quelques minutes cependant, je maîtrisais la vitesse, la force et l'agilité de mon nouveau corps. Ce qui révélait de l'exploit. J'ai sentit quelque chose. Un cerf d'après mes souvenirs, mais il se peut qu'il s'agissait d'un autre animal. Je m'habituais de plus en plus et je me suis lancée à sa poursuite. Les sens en alerte, essayant de capter le moindre bruit. Je tentais en même temps de rallier cette force et cette vitesse à mon intelligence, pour bloquer l'animal qui continuait de fuir. Mais d'un coup, j'ai percuté quelque chose, de plein fouet. Après, je ne peux pas te dire exactement. Je me suis réveillée le lendemain, dans mon lit, entourée du reste de la meute qui était folle de joie. Seule ma mère semblait quelque peu énervée et tendue. Elle avait les avait prié de quitter ma pièce de s'était assise sur le bord de mon lit. Moi, je m'en voulais d'avoir voulu faire route seule, pourtant je savais vraiment que d'être en groupe était notre plus grande force, mais mon esprit restait embué. A l'époque, nous devions être vers les 1815, dans ces eaux là. Tu en déduiras que la technologie n'était pas à son plus haut point. Elle avait allumé une chandelle sur ma table de nuit. Et elle m'avait dit d'une voix maintenant rassurée mais qui se voulait tout de même ferme.

« Megan, tu n'aurais jamais du... »


« Maman, je... Je ne sais même plus vraiment ce que j'ai fait la nuit dernière, tout ce brouille et... »


« Tu as voulu te débrouiller seule, c'est une grave erreur. Notre union fait notre force et les autres meutes le savent. Un loup garou qui ne fait ni partit de notre meute, ni de celles qui nous servent t'as vu. Lui et ses frères chassaient justement dans la foret. Nous avons tous notre territoire et tu es passée de l'autre côté de la limite. Il a voulu t'attaquer. Heureusement ton père est arrivé au même moment et nous avons du nous battre. »

Voyant mon regard effrayé, elle s'empressa de rajouter quelque chose comme :

« Mais ne t'en fais pas, nous avons bien entendu gagné. Parce que nous étions ensemble. Ton père n'a pas essayé de se battre seul, il a hurlé à la lune et nous sommes arrivés. Tu dois toujours te souvenir de ça, seule, tu es peut être forte, je ne peux pas le nier, mais ensemble, nous le sommes encore plus. C'est la règle d'or qui fait de notre meute une des plus puissantes du pays. Ton insouciance t'as au moins value d'apprendre quelque chose. Réfléchis y bien et repose toi. »

Megan marqua une pose, elle venait de lui dévoiler sa première transformation alors qu'elle ne la connaissait pas. Même si elle n'avait rien de vraiment intéressant, le passage d'humain à lycan est toujours quelque chose d'important. La jeune fille prenait des notes depuis tout à l'heure. Elle leva enfin la tête de son carnet, un sourire radieux illuminant son visage.

« Merci beaucoup. A vrai dire, je n'ai pas encore subit ma transformation et... J'ai un peu peur. Je souhaitais juste voir comment les plus vieux l'avaient vécu... »


« Ne t'inquiètes pas, j'étais beaucoup insouciante que maintenant, si cela se reproduisait, je saurais exactement comment agir, on est tous jeunes et un peu stupide à un moment on a un autre. Tu te transformeras quand il sera l'heure. En attendant profite bien de ta vie indépendante de cet instinct animal. »

Megan s'était maintenant levée du banc où elle avait décidé de raconté son histoire. Il était vraiment temps qu'elle aille se préparer pour la chasse qui aurait lieu le soir. Elle fit un signe de main et s'éloigna, chaque histoire se doit d'avoir une moral. Même la toujours insouciante Megan le savait. Sa meute l'avait pardonné et elle avait apprit en retour a être aussi tolérante. A un moment de sa jeunesse, elle était devenue d'une humeur exécrable, elle ne supportait plus personne et restait continuellement seule. Puis elle s'est ouverte, a essayé de mieux comprendre les paroles de sa mère, elle est redevenue la personne souriante et optimiste que tout le monde connaissait. Elle avait gagné en maturité et continuait de pardonner les erreurs des autres, mais cela ne l'empêchait de se vexer, étant susceptible naturellement. On ne change jamais vraiment quelqu'un et on peut dire que l'imprévisible Megan restait avec un caractère parfois borné, têtue. Mais sa générosité sans égal compensait largement ses défauts d'humeur.